Les raisons de la disparition des banques afro-américaines

Constituée vers le début du 20e siècle quand la communauté noire subissait l’exclusion du système financier, la présence des banques afro-américaines a été réduite de moitié en une décennie. Principaux facteurs évoqués : les lois anti-ségrégationnistes et la crise financière. Ces banques, à caractère familial et peu armées technologiquement n’ont pas su selon des analystes soutenir l’ascension sociale de la classe moyenne noire.

Évolution dans un contexte difficile

Avec la création de la Savings Bank en 1888 à Washington, le simple fait d’offrir des services bancaires à la population noire a été reçu comme une absurdité économique. Au bout de 4 ans, 300.000 dollars avaient été mobilisés. Ce dernier demi-siècle, 134 « banques noires » furent créées par des Afro-américains. Ces firmes, fondées dans certains fameux quartiers noirs du pays ont pu épauler plusieurs familles et opérateurs économiques, mais aujourd’hui, ces institutions battent de l’aile.

Les chiffres officiels font état de seulement 23 « banques noires » encore actives sur le territoire américain. Ces banques frappées par la récente crise financière ont pu être éligibles aux fonds fédéraux destinés à préserver les grandes firmes de Wall Street, mais leur nombre a continué de diminuer de moitié en une décennie. Au rythme actuel de deux dissolutions par an, les banques noires ne survivraient pas au-delà de 2030.

La National Bankers Association (NBA), antérieurement Negro Bankers Association, continue à plaider en faveur de l’allègement de la réglementation fédérale pour ces banques menacées. Selon les experts, elles ne sont pas rentables et certaines ont été dissoutes, car jugées non viables, malgré la mobilisation de 100.000 dollars pour les sauver.

Perspectives pas très favorables

L’offre de ces banques reste infime par rapport aux actifs du secteur bancaire du pays, tout comme l’impact de leur fermeture, estiment certains spécialistes. Toutefois, ceci constitue une grande perte pour les plus défavorisés dans la communauté noire, car ces établissements opèrent plus dans les zones où les grandes banques ne s’aventurent pas, selon Russell Kashian, expert sur la question.

Avec la disparition de ces banques, les entrepreneurs noirs, ayant très peu accès au crédit des banques classiques, pourraient également en pâtir. Avec les lois antiségrégationnistes qui ont été un goulet d’étranglement, les banques classiques ayant été obligées de s’ouvrir à la communauté noire et de montrer avec le temps une farouche concurrence.

Il faudra un esprit de solidarité envers ces institutions financières noires. On se souvient qu’en fin 2016, six dirigeants des « banques noires » ont exprimé l’urgence de les secourir en reconnaissance à leurs efforts d’antan envers ces derniers pendant la ségrégation.